Coming Soon!!! A Narrative de John Barth : la querelle des Anciens et des Modernes revisitée
Résumé
Dans Coming Soon!!! A Narrative (2001), John Barth fait le récit d’un duel littéraire et générationnel opposant un écrivain de roman traditionnel à un jeune auteur d’hypertexte de fiction. Le récit traite du dilemme médiatique que connaît aujourd’hui la littérature : entre livre et écran. Si le livre semble dans un premier temps s’être laissé envahir par l’hypertexte – premier symptôme de la substitution imminente, le tour de force de Barth est de parvenir finalement à réaliser, au travers de l’intégration de traits propres à la cyberculture, la démonstration de l’actualité encore prégnante du livre. Résolument postmoderne, il nous propose un livre hyperconscient de son statut médiatique. Dans la lignée des réflexions de son auteur sur la littérature de l’épuisement (literature of exhaustion), Coming Soon!!! n’est pas le symbole de la fin de la littérature et du livre, mais une méditation sur la peur qu’elle engendre.
In Coming Soon!!! A Narrative (2001), John Barth relates the literary duel between a traditional novelist and a young hyperfiction writer. The story is about the media dilemma that everyone faces in his daily life: between book and screen. At first, the book seems to have been invaded by the hypertext – first symptom of the pending replacement. But Barth’s tour de force is to eventually manage to demonstrate that the book is just as topical as ever by integrating cybercultural components. Definitely postmodern, he gives us a novel hyperconscious of its media status. In the line of Barth’s thoughts on the literature of exhaustion, Coming Soon!!! is not the symbol of the end of the book or of the end of literature, but a meditation on the fear that those ends engender.
Texte intégral
Dans Coming Soon!!! A Narrative, John Barth reprend un des thèmes de son premier roman : l’opéra flottant. The Original Floating Opera II est en effet l’objet de l’inspiration de deux romanciers, personnages principaux du roman, dont les pratiques d’écriture sont pour le moins opposées. Le premier, « Novelist Emeritus », est un professeur d’université à la retraite, essayant de concevoir ce qui pourrait être son ultime roman ; le second est un jeune aspirant écrivain qui tâche de créer un hypertexte sur le même sujet. Au cours du roman, tous deux vont revisiter l’œuvre inaugurale d’Edna Ferber, Show Boat [1], qui était déjà au centre du premier opus de Barth. Les deux écrivains mènent une compétition sans répit, entre conflit de générations et conflit de création.
Barth met en scène dans son roman le dilemme auquel tout lecteur contemporain doit faire face au quotidien : lire entre livre et écran. Ce dilemme est aussi celui des auteurs qui se doivent aujourd’hui de choisir un média pour leurs écrits : livre ou écran, que ce dernier appartienne par ailleurs à un ordinateur, à une liseuse ou à une tablette. Considérant cette hésitation, nul ne peut nier que nous vivions actuellement une période de transition des paradigmes médiatiques. Celle-ci est la toile de fond du récit postmoderne de Barth où la joute littéraire des deux protagonistes tourne en querelle des Anciens et des Modernes revisitée. Barth nous propose alors un roman hybride qui intègre des caractéristiques propres à l’hypertextualité, comme des hyperliens, des icônes et des boutons informatiques. Le livre semble dans un premier temps s’être laissé envahir par l’hypertexte, premier symptôme de la substitution imminente. Mais le tour de force de Barth est alors de retourner cette problématique et de réaliser la démonstration de l’actualité encore prégnante du livre au travers de l’intégration de traits propres à la cyberculture. Résolument postmoderne, il nous propose un livre hyperconscient de son statut médiatique.
1. De l’iconicité hypertextuelle au livre
La narration débute « officiellement » en page 1, avec une petite icône représentant une disquette : « Read me ». Le lecteur entre dans le récit comme on clique sur une icône et c’est une figure de l’hypertexte qui lui est proposée dès les premières pages. Avec ce « Read me », le champ lexical de la lecture, appliqué depuis ses débuts à l’informatique (lecture, page, etc.), prend un nouveau sens : on lit un logiciel comme on lit un livre. Cette injonction « Lis-moi » est tout à fait performative puisque le lecteur la lit en effet, comme il lira, à sa suite, le récit qu’elle engendre. L’usage de cette image représentant une disquette inaugure aussi la forte iconicité de Coming Soon!!! A Narrative, où l’on peut trouver des captures d’écran, des boutons, des mots surlignés tels des hyperliens. Si le style de ces icônes possède aujourd’hui un côté désuet, c’est que Barth est avant tout inspiré par la première génération d’auteurs d’hypertextes [2] tels que Stuart Moulthrop ou Michael Joyce. Fasciné par l’hypertextualité, il avait déjà publié une nouvelle sur le sujet, intitulée « Click », parue en décembre 1997 dans The Atlantic Monthly.
Dès les premières pages de Coming Soon!!! A Narrative, le vocabulaire informatique est présent : « programmeur » (progger [3]), « clavier » (keyboard [4]), « téléchargé » (downloaded [5]), « […] un lecteur Zip ici, un modem là, ici un clavier, là un écran couleur 17 pouces et une imprimante laser et un truc CD-ROM [6] ». Barth aime recourir à l’argot dans son texte. Il y a aussi des abréviations « ess vee pee [7] » et des langues étrangères : « Que Quiere decir ? Qu’est-ce que ça veut dire, Was bedeutet ein progger [8]. » En plus d’utiliser du vocabulaire propre à l’informatique, Barth réalise, à l’occasion, une ekphrasis du site Web imaginaire de TOFO II (The Original Floating Opera II) :
Cependant nous cliquons sur http://www.tofo2.org ce soir-là sur notre antique Macintosh, lent comme une tortue, juste pour jeter un œil, et finalement trouvons une page d’accueil pas-trop-mal-faite, […] on y voit côte à côte des photos du showboat (à gauche) en cale à Snug Harbor par temps calme et (à droite) malmené par les vagues de Zulu à Ararat Shoal. En dessous d’elles, des liens hypertextes exclamatoires vers des sujets comme
— Des nouvelles d’Ararart!
— Le Showboat de Chesapeake, une présentation historique !
— COMING SOON!!! La comédie musicale (CS!!!CM)
et
— Du 9 septembre 1999 au bug de l’an 2000 — et au-delà !
En faisant défiler vers le bas, nous trouvons au pied de la page l’énigmatique ligne de crédit de la page d’accueil Ditsy@BigBitsy.HFI. […] par souci d’expérimentation, nous cliquons sur CS!!!CM et comme souvent avec les sites Web, plus de menus de menus sont proposés (Avant-premières, Après-premières, Critiques, Présentations [9]).
Le Web et ses sites sont donc cités de manière très directe dans Coming Soon!!! A Narrative. Les structures hypertextuelles et leurs hyperliens sont aussi un objet d’inspiration. On trouve à plusieurs reprises, en fin de chapitre, des embranchements en forme de simulation d’hypertexte [10]. Par exemple, trois boutons sont illustrés en page 8. Ils représentent autant de possibilités de parcours pour le lecteur. Avec le premier bouton, qui possède la forme d’un cercle, le lecteur peut continuer l’histoire, ou il peut, avec le troisième bouton, choisir « less », ou « something » avec le troisième. Des alternatives pour le moins vagues. Le premier bouton est sélectionné, ce qui tombe bien puisque le livre compte encore trois cent quatre-vingt-dix pages ! L’embranchement hypertextuel n’est qu’un effet de surface, le lecteur n’a pas vraiment de choix à sa disposition, sinon peut-être celui d’interrompre sa lecture et de refermer le livre. Le texte ne fait que feindre des possibilités puisque l’auteur, dont la présence démiurgique est omniprésente, a déjà tout prémédité : le lecteur continuera de lire. En page 251, trois autres boutons sont proposés, le lecteur est sommé, en ancien anglais, de choisir entre les dates 1996, 1997 et 1998.
Cliquez où vous le souhaitez, l’ami
« Vous ne souhaitez rien ! »
Amen, permettez-moi alors. [Le narrateur « clique » sur « 1996 », à la suite de quoi se matérialise « sur l’écran » un chronomenu virtuel en tricolonne :] [11]
Encore une fois, le choix du lecteur est nul et c’est le narrateur qui décide et clique. Évidemment, dans un livre, il n’y a rien à cliquer. Ces boutons, proposés dans un texte imprimé, apparaissent comme une impasse, mais il reste à savoir s’il s’agit d’une impasse pour l’hypertextualité, pour le livre ou pour la littérature contemporaine.
2. La mise en abyme et la conscience médiatique
Le récit de Barth multiplie les jeux référentiels et métafictionnels, enchâssant les mises en abyme du livre, de l’hypertexte et de leur lecture. Dans cette optique, au début du roman, le texte met en scène sa réception par un narrateur qui découvre une disquette dans un sac en plastique :
Et c’est là (quelques pages après) que j’interviens : démarré Big Bitsy, dézipé le zip et glissé dans sa fente ce programmé de programme, puis sésame ouvre-toi en un double clique de souris sur son icône triplement exclamatoire. Trouvée dans la fenêtre, comme 4 au carré sur mon moniteur, une de ces mini icônes de départ appelées Lis Moi, cliqueticlique et qu’est-ce qui apparaît devant mes yeux ébahis, le texte que vous venez juste de lire (si vous l’avez lu, très cher) – je veux dire Lis moi, « Appelle-moi bêta, » etc.[12] – […]
La mise en abyme du livre et de sa lecture est totale : comme le narrateur sur son écran, le lecteur de Coming Soon!!! A Narrative a vu cette icône dans son livre. Le glissement de l’hypertexte au livre s’opère dans cette spécularité. Le roman de Barth et celui trouvé sur la disquette se superposent, ils se replient l’un sur l’autre. Barth met en scène un roman hypertextuel qui ressemble à son roman imprimé. Ainsi, en plus de représenter le duel médiatique contemporain entre livre et informatique à travers l’opposition de ses personnages, il l’incarne dans une mise en abyme de la médiatisation du texte de Coming Soon !!! A Narrative : entre le texte trouvé par le narrateur sur disquette et le texte lu dans le livre de Barth par le lecteur. Au-delà de l’homonymie entre l’œuvre de Barth et la disquette, elle aussi intitulée Coming Soon!!!, les deux médias proposent des textes débutant sur la même icône injonctive : « Read Me ». Le livre, tel qu’il est présent entre les mains du lecteur, fait donc une apparition fictionnelle dans l’univers diégétique, mais sous une forme médiatique différente. Coming Soon!!! est mis en abyme dans une spécularité que Lucien Dällenbach, dans Le Récit spéculaire, qualifierait de « réduplication simple ». Lucien Dällenbach identifie trois figures essentielles de la mise en abyme :
[…] qui sont la réduplication simple (fragment qui entretient avec l’œuvre qui l’inclut un rapport de similitude), la réduplication à l’infini (fragment qui entretient avec l’œuvre qui l’inclut un rapport de similitude et qui enchâsse lui-même un fragment qui…, et ainsi de suite) et la réduplication aporistique (fragment censé inclure l’œuvre qui l’inclut) [13].
C’est à partir de ces figures qu’il élabore une définition plurielle de la mise en abyme dont l’objectif est de les inclure toutes les trois : « […] est mise en abyme tout miroir interne réfléchissant l’ensemble du récit par réduplication simple, répétée ou spécieuse [14] ». Coming Soon!!! A Narrative nous met bel et bien face à un objet réflexif, puisque le roman offre à l’intérieur de son récit principal un autre Coming Soon!!!, une œuvre en miroir. Toutefois la similitude entre les Coming Soon!!! n’est pas totale, puisqu’un changement de média est effectué : on passe du livre à la disquette. Et c’est dans ce va-et-vient médiatique, opéré dans le roman à travers les mises en abyme, que s’élabore la réflexion sur l’hybridation médiatique du texte littéraire.
D’un point de vue narratologique Coming Soon!!! A Narrative est composé d’une pluralité de récits enchâssés dont il n’est pas toujours aisé d’identifier le narrateur : entre Aspirant, Emeritus et un étrange narrateur se présentant au tout début du roman comme « (The Phantom [15] 😉 ». Toutefois, le lecteur réalise rapidement que ce dernier possède bien des points communs avec John Barth puisqu’il s’avère être lui aussi l’auteur d’un COMING SOON !!! A Narrative. Le roman du fantôme ne diffère de celui possédé par le lecteur, que par la police de caractère de son titre, intégralement en majuscules.
Donc : il ne me reste plus ici qu’à écrire au stylo cette phrase de clôture de (ma partie) Partie III de COMING SOON!!! A NARRATIVE et ensuite de dire adios une bonne fois pour toute à mon loyal stylo.
Phrase faite
Loyal stylo !
Fidèle stylo, dis-je ! Indéfectible outil !
He, stylo !…
Stylo ?
[icône] FIN [16]
Nous pouvons douter de la fiabilité du narrateur et de son identité, comme du crayon avec lequel il écrit. La fiction peut être créée sur n’importe quel support d’écriture, livre ou hypertexte, par n’importe quel outil, crayon ou informatique. Chez Barth, les pratiques d’écriture romanesque, mises en abyme, multiplient les supports médiatiques. Il y a Coming Soon !!! A NARRATIVE de Barth qui est un livre et il y a la disquette intitulée Coming Soon!!!, comme il y a Aspirant, auteur d’hypertextes, et Emeritus, auteur de livres.
Notons que la mise en abyme, ainsi que le remarque Anne-Marie Boisvert, est un topos récurrent dans les hypertextes. Ceux-ci procèdent souvent, en effet, d’« une conception de l’écriture comme autoréflexive. Raconter une histoire, cela passe au second plan : plutôt que de tendre un miroir au monde, l’écriture se regarde et se raconte elle-même en train de se faire, si on peut dire [17] ». L’œuvre de Stuart Moulthrop, Victory Garden [18], pourrait en être l’exemple, puisqu’elle thématise le labyrinthe en même temps qu’elle reproduit sa forme. Et, au jeu de la mise en abyme, mais aussi de la métafiction, on sait que Barth, auteur phare du postmodernisme, est passé maître. Il joue même, ironiquement, de cette tendance métafictionnelle à travers le discours du personnage d’Emeritus :
Finalement (en tous cas ensuite), j’ai mes raisons d’interroger la profondeur et le sérieux de l’engagement d’Aspirant – pas envers son art […] mais à l’égard de la narration Telle qu’on La Connaît, et même à l’égard de ce qui maintenant est devenu la tradition du roman postmoderne, (c’est- à-dire ces effets de poudre aux yeux cités précédemment […] – ces procédés qui peuvent nous faire languir pour Jane Austen, Charles Dickens, voire Trollope et Henry James, n’importe qui capable de nous raconter une bonne histoire sans nous rappeler en permanence que ce ne sont que des mots sur du papier. Même ces procédés – qui pour Hop Johnson sont des citations ironiques provenant moins d’espiègles proto-Postmodernes comme Laurence Sterne et Denis Diderot, Edgar Poe et Jan Potocki, que de Postmodernistes contemporains qui eux-mêmes réorchestrent ironiquement ces pionniers – Aspirant déploie ses ressources avec une certaine impatience, comme l’échauffement illusoire d’un virtuose ennuyé avant l’événement principal, la Véritable Action [19].
Les proto-Postmodernes cités ici sont surtout des écrivains hyper-conscients du média sur lequel ils s’exercent. Une conscience que le roman de John Barth possède résolument. Dès ses premières pages, les aspects médiatiques spécifiques du livre sont mis en valeur. Ceci s’effectue notamment grâce à l’explicitation des différents seuils, en haut à gauche de chaque page : « Sa page de titre, son titre, son sous-titre : » ( Its title page, title, subtitle:, p.iii), « Ses information légales, ISBN, que sais-je : » (Its copyright info, ISBN, whatever :, p.iv), « Sa dédicace : » ( Its dedication :, p.v). Dans ces exemples, le possessif Its désigne le livre, dont la présence physique est alors soulignée. En même temps, ces interventions parfois désinvoltes font entrer le péritexte éditorial dans la fiction élaborée par John Barth. La page vii est le sommaire de Coming Soon!!! A Narrative présenté par « Vous Êtes Ici : Son plan : » (You Are Here: Its tentative :). Cette phrase propose une adresse au lecteur assez incongrue dans un roman. Celui qui lit ces mots se trouve en effet sur cette page vii, une évidence qui ramène l’attention vers le volume du livre comme espace et porte à considérer la page de sommaire comme un plan de cet espace. Le sommaire, à l’instar de tout le roman, propose une pluralité de polices de caractères, on trouve des mots en gras, en italique, soulignés, en majuscules, etc. Encore une fois, c’est l’attention à la matérialité qui est au centre de Coming Soon!!! A Narrative et celle-ci se révèle par opposition avec l’hypertexte, dans un duel qu’Aspirant et Emeritus personnifient.
3. La fin du livre et la littérature de l’épuisement
Si l’hypertextualité dont parle Barth dans Coming Soon!!! A Narrative est aujourd’hui dépassée par l’hypermédia, il n’en reste pas moins que le conflit générationnel et technologique qui est au cœur du roman est encore tout à fait révélateur. Ce qu’Emeritus reproche à Aspirant c’est son postmodernisme, son amour des labyrinthes et de la métafiction :
Pour J. Hopkins Johnson, et de son propre aveu, l’action se trouve ailleurs que sur la page imprimée. Provisoirement, du moins, elle se trouve dans le labyrinthe à construire soi-même de l’e-fiction, où les descriptions d’emplois traditionnels de l’auteur et du lecteur (ou, pourrait-on dire de Dédale et Thésée) demandent à être reconsidérées, où l’ordre narratif tombe en déliquescence dans une anarchie virtuelle, où le Début, le Milieu, la Fin perdent leur sens et leur ordre immémorial, et où ce vieux machin qu’est l’intrigue-préfiguration et reprises, apogée et résolution cathartique, laisse la place à un bidouillage aléatoire qui libère de la tyrannie de la linéarité – ce qui pour certains d’entre nous équivaut à libérer Thésée de l’indispensable fil d’Ariane [20].
Barth reprend les caractéristiques de l’hypertexte tel qu’il est décrit par Landow, Joyce et Moulthrop : un texte labyrinthique, fragmentaire, offrant la « liberté » au lecteur et où ce dernier devient lui-même écrivain par sa participation, un texte rhizomatique selon Deleuze et Guattari [21]. Il oppose, avec beaucoup d’ironie, l’hypertexte à la narrativité qu’on pourrait qualifier de classique. Pour Emeritus, l’e-fiction est la sirène du cyberespace (cyberspatial siren [22]), traîtresse qui vous endort de sa belle voix avant de vous mener à votre perte. Emeritus qualifie Aspirant de virus prêt à corrompre la littérature dans l’e-fiction :
[…] de l’avis d’Aspirant la fiction électronique elle-même n’est rien d’autre que le médium de transition entre la littérature imprimée (mais aussi le théâtre, le cinéma, la télévision, le drame, peut-être la vie même) et la nouvelle Jérusalem qu’est la réalité virtuelle. En ai-je assez dit [23] ?
Et d’ajouter que John Hopkins (Aspirant) appelle la fiction imprimée, « vieux média moribond » (old moribund medium [24]). John Barth met non seulement en scène le débat sur la substitution des médias anciens par les nouveaux, mais aussi, et surtout, il décrit la peur de la mort tant de fois annoncée du livre. L’hypertextualité et par extension la technologie, idéologiquement et de manière sous-jacente, imposent une menace sur une certaine forme d’humanité (prise ici dans sa polysémie, celui des sciences-humaines, comme par extension de l’humain). Barth, dans Coming Soon!!! A Narrative, joue de manière très pertinente avec cette polémique et ce débat. Emeritus incarne cette crainte :
Fiction-I [la fiction imprimée]. Je crois, comme vous l’avez peut-être entendu, que les 300 ans de l’Âge d’or de la littérarité bourgeoise, personnifiée par l’ascendant du Roman, comme medium de divertissement et d’art, a atteint son sommet quelque part autour de 1895 et s’est inexorablement essoufflé à travers les siècles et depuis que sa part d’audience s’est réduite, d’abord à cause du cinéma et de la radio, puis de la télévision et du magnétoscope et plus récemment à cause du réseau informatique interactif et un jour prochain à cause de la Réalité virtuelle électronique. Je crois, non pas que le roman soit mort (une exagération de ces onanistes Modernistes de la première moitié du siècle), mais qu’il est voué à devenir, avec le reste de la littérature imprimée, un plaisir pour goût particulier, comme la poésie, le tir à l’arc, aller à l’opéra et le dressage équestre [25].
Si, pour le professeur, le chant du cygne du roman est une exagération, il n’en reste pas moins que la fiction et la littérature, tout comme le livre, sont à un point charnière de leur Histoire. Le texte de Barth paraît en 2001 et son action se situe au moment symbolique du passage à l’an 2000. Une fin de millénaire qui a suscité un grand nombre de discours apocalyptiques, tous plus farfelus les uns que les autres, mais qui reste le berceau d’un imaginaire de la fin auquel la littérature contemporaine ne peut que se confronter. C’est ce que fait John Barth.
Il est cependant important de noter que, dans Coming Soon!!! A Narrative, le conflit semble se régler quand Aspirant finit par produire un roman intégrant sous forme d’imitation des boutons et des formes hypertextuelles : un « roman faussement-électronique » (faux-electronic novel [26]). Un livre qui ressemble à un hypertexte, un livre qui ressemble indéniablement à celui que le lecteur tient entre ses mains.
[…] la version qui a été distribuée et critiquée dans les séminaires était composée ordinairement de pages imprimées, conventionnellement formatées à l’exception de la présence occasionnelle d’imitation, non dénuée d’intelligence, de, comment-les-appeler ? – boutons d’options ? – des bidules informatiques ici ou là dans le texte. […] Il les jugea globalement, comme étant de l’ordre d’une amusante amélioration du récit plutôt que d’une distraction de ce-dernier – une évocation des premières simulations linéaires d’effets non linéaires par les modernistes [27].
L’imprimé et la fiction, pour Barth, ne sont pas vraiment menacés de mort. Il s’agit pour l’auteur contemporain de relever le défi, tout en tenant compte de l’histoire littéraire (désignée dans la citation par ces textes modernes comme Tristram Shandy de Sterne ou Jacques le fataliste de Diderot). C’est ce que Barth explique lui-même dans « The Literature of Exhaustion » :
Par « épuisement » je ne désigne pas quelque chose d’aussi usé que le sujet de la décadence physique, morale, ou intellectuelle, seulement l’état d’usure de certaines formes, ou l’épuisement ressenti à l’égard de certaines possibilités – mais en aucun cas une cause de désespoir [28].
La littérature de l’épuisement n’est pas de l’ordre de la mort du littéraire, mais de la reconnaissance de ce qui a déjà été fait et ne peut donc plus être réalisé de nouveau sans impliquer une répétition qui tiendrait de l’absurde. Dans son article, Barth fait tout particulièrement l’éloge de Jorge Luis Borges et de Samuel Beckett :
Une des choses modernes à propos de ces deux auteurs c’est qu’à l’âge des ultimités et de la « solution finale » – du moins de ce qui se ressent comme des ultimités, dans toutes choses, de l’armement à la théologie, dans la déshumanisation célébrée de la société et l’histoire du roman – leur œuvre, chacune à leur manière, reflète et traite de cette ultimité, à la fois techniquement et thématiquement [29].
La littérature de l’épuisement n’est donc pas la fin de la littérature, mais une littérature qui traite de sa fin. Voilà justement le propos de Coming Soon!!! A Narrative. Il s’agit pour l’auteur contemporain d’avoir conscience de tout ce qui a été fait en littérature et en art, et d’en prendre acte, tout comme il doit tenir compte de sa propre société. Selon Barth, la création doit s’effectuer à partir de ce savoir. L’auteur postmoderne est caractérisé par son hyper-conscience mais aussi par sa capacité à intégrer ce qui l’entoure, ici l’hypermédia, quand bien même il ne produit que des textes imprimés.
Dans son article, Barth critique par ailleurs les arts intermédiatiques. Il rejette tout particulièrement la définition de l’intermédialité que donne Dick Higgins dans « Intermedia ». Selon Barth, les œuvres intermédiatiques ne reconnaissent pas leur dette à l’art passé et ne font que reproduire sous le couvert de la nouveauté ce qui a déjà été fait:
Cependant, l’Art et ses formes et techniques, vivent dans l’histoire et certainement changent aussi. Je suis d’accord avec une remarque attribuée à Saul Below, qui déclare que d’être techniquement à la page est la caractéristique la moins importante d’un écrivain – même si j’ajouterai que cette caractéristique de moindre importance puisse être néanmoins essentielle. En tous cas, être techniquement dépassé est probablement un véritable défaut : la sixième symphonie de Beethoven ou la Cathédrale de Chartres, si on les créait aujourd’hui, pourrait s’avérer simplement embarrassantes [30] […]
Nul ne doute que les travaux listés dans le catalogue de Something Else Press entrent pour Barth dans la catégorie « embarras ». Coming Soon!!! A Narrative, en tant que livre écrit à l’heure de l’hypermédia, est techniquement out of date, mais conscient, grâce à son jeu avec l’hypertextualité (up to date), de ce paradoxe. Et c’est en cela qu’il est postmoderne selon Barth et qu’il appartient à la littérature de l’épuisement. Il témoigne de la culture contemporaine, de la cyberculture, dans lesquelles le livre possède une place. Barth reprend alors l’exemple de la sixième symphonie de Beethoven [31], son exécution à l’heure actuelle pourrait ne pas être embarrassante si elle était réalisée avec ironie. C’est l’ironie, le recul, ou encore la mise en abyme et la métatextualité qui sauvent du psittacisme. De même que le livre, dans Coming Soon!!! A Narrative, l’opéra flottant est un « média » menacé, il ne remporte plus le succès qu’il a connu auparavant. Pour pallier cet échec, les spectacles du showboat se font postmodernes :
« Alors on est postmodernes ou quoi ? » demanda Sher quelque part en chemin. Car nous utilisions les vrais noms des performeurs sur scène, et nous demandions directement au public si un showboat pouvait flotter avec succès à l’ère du numérique, et si oui, est-ce à travers la route de la nostalgie […] ou grâce à des effets spéciaux de haute technologie, du moins autant que nous étions capable d’en faire. En bref, nous parlions et chantions au sujet de ce que nous étions en train de faire au moment où nous le faisions, aussi bien qu’au sujet de notre médium, et nous faisons de ce métarécit et métacommentaire une partie intégrante du spectacle [32].
Coming Soon!!! A Narrative n’est donc pas tant un roman de la fin du livre qu’une méditation sur cette fin et la peur qu’elle engendre. Le roman en cela est une figure de l’imaginaire de la fin :
Parler d’imaginaire implique que la fin doive être conçue avant tout comme une pensée, une représentation. Si certains discours l’inscrivent comme un événement […], elle n’est jamais qu’un fantasme, constituée de figure et d’une logique de mise en récit, fondée sur des scénarios catastrophe […] [33].
Cette définition rejoint ce que Barth entend par littérature de l’épuisement. Non pas une littérature sur sa fin mais une littérature sur la fin. Coming Soon!!! A NARRATIVE, à l’image du roman de Novelist Emeritus, est censé être le dernier de John Barth, mais il ne s’agit pas pour autant d’un requiem. D’ailleurs, le texte se clôt sur une figure d’espoir et de renouveau. De manière très freudienne, les parents d’Aspirant meurent : il peut entrer dans l’âge adulte, libéré aussi de son rival de professeur. Hopkins est avec Sher qui est enceinte. L’an 2000 est arrivé sans « bug » majeur et la vie continue inexorablement. Le roman se termine sur la décision d’Aspirant de réécrire TOFO II :
J’ai déjà une Nouvelle Idée pour le début du roman : ce vieux schnoque d’Hick Fen d’un certain âge et d’un certain sexe – une sorte de Tiresias des fonds marins avec la voix trainante et nasillarde du bas de la côte – trouve dans un sac en plastique ziploc une disquette étiquetée COMING SOON !!! dansant sur l’eau comme l’enfant Moïse dans l’herbe du marécage après l’ouragan Zoulou [34].
C’est ainsi que commence le Coming Soon!!! A NARRATIVE de John Barth. On retrouve encore une fois l’icône inaugurale Read Me. La boucle est bouclée, tout peut recommencer.
Notes
[1] Edna Farber, Show Boat, New York, Doubleday, 1926.
[2] Nous entendons principalement par cette première génération, les auteurs de chez Eastgate System.
[3] John Barth, Coming Soon!!! A Narrative, Boston/ New York, Houghton Mifflin Company, 2001, p. 1.
[4] Ibid.
[5] Id., p. 3.
[6] Sauf mention contraire, c’est moi qui traduis les citations tirées des écrits de John Barth ; “[…] a Zip drive here, a modem there, here a keyboard, there a 17’’ color monitor and a laser printer and a CD-ROM gizmo” (Id., p. 6).
[7] Id., p. 1.
[8] Id., p. 2.
[9] Id., p. 327-328. “We do however click up http://www.tofo2.org that evening on our vintage, tortoise-paced Macintosh, just to have a look, and in time’s fullness find a not-badly-put-together homepage […] featuring side-by-side photos of the showboat (L) snug in Snug Harbor in calmer days, and (R) bashed by Zulu-waves on Ararat Shoal. Beneath them, exclamatory hot-links to such topics as
— The News from Ararat!
— Chesapeake Showboats: A Historical Overview!
— COMING SOON !!! The Musical (CS!!!TM)
and
— From 9/9/99 to Y2K—and beyond!
Scrolling down, we find at the page’s foot the enigmatic credit line Homepage by Ditsy@BigBitsy.HFI […] Experimentally, we click on CS!!!TM and, as is the way with websites, are offered more menu-menus (Previews. Postviews. Reviews. Over & Underviews). ”
[10] Id., p. 8, p. 23 et p. 40.
[11] Id., p. 251.
“Click were Thou wilt, Mate
‘Will not!’
Amen, Allow me, then. [Narrator ‘clicks’ on ‘1996’, where upon these materializes ‘onscreen’a tricolumnar Virtual Chronomenu:] ”
[12] Id., p. 6-7.
“ And here (some pages past) is where I came in: booted up Big Bitsy, unzipzip zipped and slugged in its slot that proggèd program, then open-sesame’d with mouseclicks twain its triply exclamatoried icon. Found in the window thus 4squared upon my monitor one of those Start-Here mini icons called Read Me; clicketyclick and what to my wandering eyes should appear but the text you’ve just read (if you’ve read it my dear) — I mean Read Me, ‘Call me Ditsy,’ et cet — […].”
[13] Lucien Dällenbach, Le Récit spéculaire. Essai sur la mise en abyme, Paris, Seuil, 1977, p. 51.
[14] Ibid., p. 52.
[15] John Barth, Coming soon!!! A Narrative, op. cit., p. 23.
[16] Id., p. 344.
“So: There remains but to pen this closing sentence of (my) Part III of COMING SOON!!! A Narrative and then to bid adios for good and all to my trusty pen.
Sentence done.
Trusty pen!
Faithful pen, I say! Unfailing instrument!
Yo, pen ! …
Pen?
[icône] THE ENDˮ
[17] Anne-Marie Boisvert, « Littérature électronique et hypertexte », Auradigital, 24 octobre 2002. En ligne ici. Consulté le 10 septembre 2006.
[18] Stuart Moulthrop, Victory Garden: A Fiction, Watertown (Mass.), Eastgate systems, 1991.
[19] John Barth, Coming soon!!! A Narrative, op. cit., p. 13. “Finally (anyhow next), I have reason to question the depth and seriousness of the Applicant’s commitment — not to his art, […], to Storytelling As We Know It, even to what has by now become the tradition of the Postmodernist novel, (I mean those smoke-and mirror tricks aforecited, […] — devices that can make one long for Jane Austen, Charles Dickens, even Trollope and Henry James, anyone who’ll just tell us a good story without forever reminding us that it’s only word on paper). Even those devices — which for Hop Johnson are ironic quotations less from such playful proto-Postmoderns as Laurence Sterne and Denis Diderot, Edgar Poe and Jan Potocki, than from contemporary Postmodernists who themselves are ironically reorchestrating those pioneers — the Applicant deploys with a kind of impatience, like a bored virtuoso illusionist warming up for the main event, the Real Action.ˮ
[20] Ibid. “For J. Hopkins Johnson, by his own acknowledgement, that action is elsewhere than on the printed page. Provisionally, at least, it is in the do-it-yourself labyrinths of ʽe-fictionʼ, where the traditional job-descriptions of ʽauthorʼ and ʽreaderʼ (or, one might say of Daedalus and Theseus) are up for grabs; where narrative order deliquesces into virtual anarchy; where Beginnings, Middles, and Endings lose their longstanding sense and sequence, and such old standbys as plot-foreshadowings and reprises, climax and cathartic resolution, give way to ad-libitum jiggery-pokery: to ʽfreedom from the tyranny of the lineʼ — which, to some of us, is tantamount to freeing Theseus from Ariadne’s indispensable yarn.ˮ
[21] Gilles Deleuze & Félix Guattari, Capitalisme et schizophrénie 2 : mille plateaux, Paris, Éditions de Minuit, 1980.
[22] John Barth, Coming Soon!!!, op. cit., p. 13.
[23] Id., p. 14. “[…] in Applicant’s opinion, electronic fiction itself is but the transitional medium between printed literature (also theatre, cinema, television, drama, perhaps lived life itself) and the New Jerusalem of Electronic Virtual Reality. Enough said? ˮ
[24] Id. p. 15.
[25] Id., p. 21-22. “P-fiction. I happen to believe, as you may have heard, that the 300-year Golden Age of Bourgeois Literacy, epitomized by the ascendancy of The Novel as a medium of entertainment and art, peaked somewhere in the neighborhood of 1895 and has been inexorably petering through the century since, its market-share of audience attention reduced first by the movies and broadcast radio, then by television and the VCR, more recently by interactive computer networking, and down the road by Electronic Virtual Reality. I happen to believe, not that The Novel is dead (an overstatement by self-titillating Modernists in the century’s first half), but that it is destined to become, with the rest of p-lit, ever more a pleasure for special tastes, like poetry, archery, opera-going, equestrian dressage.ˮ
[26] Id., p. 255.
[27] Id., p. 237. “[…] the version being distributed and critiqued in seminarial instalments was in workaday printed pages, conventionally formatted except for occasional, not-unclever imitations of whatchacallems —option buttons? — and suchlike computerish gizmos here and there in the text. […] he judged them to be, on the whole, more of an amusing enhancement of the narrative than a distraction from it –reminiscent of the early Modernists’ linear simulations of nonlinear effects.ˮ
[28] John Barth, “The Literature of Exhaustionˮ, The Friday Book: Essays and Other Nonfiction, New York, Putnam, 1984, p. 64. “By ʽexhaustionʼ I don’t mean anything so tired as the subject of physical, moral or intellectual decadence, only the used-upness of certain forms or the felt exhaustion of certain possibilities — by no means necessarily a cause for despair.ˮ
[29] Id., p. 67. “One of the modern things about these two writers is that in an age of ultimacies and ʽfinal solutionʼ — at least felt ultimacies, in everything from weaponry to theology, the celebrated dehumanization of society and the history of the novel — their work in separate ways reflects and deals with ultimacy, both technically and thematically. ˮ
[30] Id., p. 66. “However, art and its forms and techniques, live in history and certainly do change. I sympathize with a remark attributed to Saul Bellow, that to be technically up-to-date is the least important attribute of a writer —though I would add that this least important attribute may be nevertheless essential. In any case, to be technically out of date is likely to be a genuine defect: Beethoven’s Sixth Symphony or the Chartres cathedral, if executed today, might be simply embarrassing […] »
[31] Id., p. 69.
[32] John Barth, Coming soon!!! A NARRATIVE, op. cit., p. 169. “ʽSo are we Postmodern, or what?ʼ Sher asked somewhere along the way. For we were using the performer’s real names onstage, and directly posing the question to the audience whether a showboat show could be floated successfully in the age of electronic digitality, and if so, whether via the nostalgia route […] or high-tech special effects, as best we could mount them. In short, we were talking and singing about what we were doing as we did it, as well as about the history of our medium, and making that metanarrative and metacommentary part of the entertainment.ˮ
[33] Bertrand Gervais, L’Imaginaire de la fin : temps, mots et signe, Montréal, Le Quartanier, 2009, p. 13.
[34] John Barth, Coming soon!!! A NARRATIVE, op. cit., p. 374. “I had already a New Idea for the novel’s opening: Old-fart Hick Fen progger of uncertain age and gender — a sort of sub-sea-level Tiresias with the twangy drawl of the lower Shore — finds Ziploc™’d diskette labeled COMING SOON!!! a-bob like baby Moses in the marshgrass after Hurricane Zulu.ˮ
BARTH John,
— “The Literature of Exhaustion”, The Friday book : essays and other nonfiction, A Perigee Book, New York, Putnam, 1984.
— Coming Soon !!! A Narrative, Boston/ New York, Houghton Mifflin Company, 2001.
BOISVERT Anne-Marie, « Littérature électronique et hypertexte », Auradigital, 24 octobre 2002.
DÄLLENBACH Lucien, Le Récit spéculaire. Essai sur la mise en abyme, Paris, Seuil, 1977.
DELEUZE Gilles & GUATTARI Félix, Capitalisme et schizophrénie 2 : mille plateaux, Paris, Éditions de Minuit, 1980.
FARBER Edna, Show Boat, New York, Doubleday, 1926.
GERVAIS Bertrand, L’Imaginaire de la fin : temps, mots et signe, Montréal, Le Quartanier, 2009.
MOULTHROP Stuart, Victory Garden: A Fiction, Watertown (Mass.), Eastgate systems, 1991.
Auteur
Anaïs Guilet est maître de conférences à l’université Savoie Mont Blanc (Chambéry). Elle est rattachée au laboratoire de recherche LLSETI. Spécialisée dans les humanités numériques, elle est membre associé du laboratoire FIGURA, de l’UQAM (Québec). Ses recherches portent sur les esthétiques numériques et transmédiatiques, ainsi que sur la place du livre dans la culture contemporaine. Son site Web :www.cyborglitteraire.com.