Retrouver la parole
Mon entrée à la radio, comment y penser aujourd’hui, mettre des mots, lesquels ? Je sors d’un tunnel de dix-huit années où je travaille comme rédacteur pour le Dictionnaire des œuvres de Laffont-Bompiani [1]. Je passe mes journées enfermé à la Bibliothèque nationale, à lire tous les livres et mes soirées enfermé chez moi à faire l’analyse et le résumé des ouvrages lus. Immergé dans la concentration et le silence, je vis ma voix comme une sorte de fantôme. La toute première fois où Claude Royet-Journoud me demande de parler de Décimale blanche paru au Mercure de France en 1967 dans son émission de radio, Poésie ininterrompue [2], je réagis vivement et je dis : non. Comment retrouver la parole, alors que je ne parle plus depuis l’âge de 7 ans ? Grande peur. Nous sommes en mai 1975. Devant son insistance qui met en jeu notre amitié, je me rends au studio quelques semaines plus tard [3] à l’heure dite. Je vis dans un véritable état second l’entretien de quarante minutes qui dans Poésie ininterrompue achève la semaine de lectures de poèmes et, en travaillant avec le réalisateur, je découvre à la fois ma voix et le génie du montage ; comment une voix est enregistrée et comment je peux la modifier et lui faire dire autre chose, sinon parfois le contraire.
À la même époque, Alain Veinstein se trouve en charge des grands entretiens à France Culture [4] et me confie le soin de les moderniser. Fini le salon, les fauteuils profonds, les entretiens lus par André Breton ou Pierre Jean Jouve : il faut inventer une autre forme, celle des conditions du direct [5]. Évidemment c’est ignorer ou mésestimer l’influence d’un conseiller redoutable auprès de la direction en la personne d’Alain Trutat : celui-ci continue à imposer sa conception de la radio, donc des conditions du montage. Deux visions s’affrontent – l’une est dispendieuse et formelle, l’autre économe et plus vraie. Aujourd’hui l’époque est à l’apaisement et mise en principe sur les conditions du direct. Je propose trois noms : Georges Perros [6], à l’époque peu connu, il publie un poème saisissant dans un numéro de la NRF, « Kenavo », premier des Poèmes bleus – Franck Venaille [7], dont je découvre peu auparavant Caballero Hôtel aux éditions de Minuit [8], et fais circuler, qui réinvente le récit au moyen de l’écriture parlée et du cinéma, comme l’avait pensé Pierre Jean Jouve avec Aventure de Catherine Crachat – Bernard Noël, avec qui j’enregistre dix entretiens, dont les cinq derniers sont programmés dans les Nuits magnétiques [9].
Je suis donc entré à la radio par le biais de Poésie ininterrompue et des grands entretiens, en me passionnant pour les expériences du son, du bruit, du ton, de l’accent, de la voix, du questionnement (pas de l’écoute ou de l’attention parce que je suis né en même temps) et du montage. Je pense entre autres à une émission consacrée en 1976 à Roger Giroux, grand poète contemporain mort deux ans plus tôt, commande d’Alain Trutat. L’idée est celle-ci : initier une table ronde, de la démanteler ou plus précisément la déstructurer et de la reconstruire. Enfin dans les cuts introduire quelques secondes d’un même passage de Bach [10]. L’émission étonne les professionnels de la Maison. Elle est rediffusée deux fois, et inspire au directeur de l’époque, Yves Jaigu, cette parole presque utopique : « Pour vous, Jean, il y aura toujours du travail. » Ma passion est communicative.
Il y a deux ou trois viviers qui annoncent les Nuits magnétiques, où Alain Veinstein a puisé.
Le premier s’appelle Poésie ininterrompue, émission de poésie au sens très large et de pensée. Pour Claude Royet-Journoud est poème tout ce qui a une densité de langue. Cette densité se trouve dans l’écriture même d’un historien ou d’un sociologue ou d’un philosophe. Il est à remarquer que cette langue est celle des mots et celle des images. Poésie ininterrompue accueille sur un même plan Jean-François Bory (poète, photographe, performeur) [11], Jean Le Gac (écrivain, peintre, photographe) [12], Alain Robbe-Grillet (romancier, cinéaste) [13]. Claude Royet-Journoud s’appuie sur l’exemple d’un prédécesseur, Cid Corman, poète américain, fondateur d’une revue essentielle, Origin ‒ nous sommes nés de cette revue créée dans les années 1950 [14], elle publie alors Ezra Pound, Louis Zukofsky, George Oppen, Robert Creeley, Lorine Niedecker, William Carlos Williams. Il vit à Kyoto, vend des glaces à l’entrée des temples. Cid Corman, auparavant, anime aux USA une émission de radio à Boston, il invite les poètes à lire leurs textes, soit en studio, soit au téléphone quand ils n’ont pas la possibilité de se déplacer ‒ c’est ainsi que nous avons des lectures au téléphone de Allen Ginsberg et Jack Kerouac [15] ! Poésie ininterrompue a ouvert largement notre conception de la poésie, et pour Alain Veinstein, cette ouverture a été d’une grande force.
Le deuxième vivier s’appelle Avignon ultra-son, un programme spécial de France Culture produit par Alain Veinstein deux étés de suite, en 1977 et 1978, sur une enveloppe d’heures qu’il avait eu la bonne idée de proposer à Yves Jaigu et qu’il avait obtenue. Parmi les producteurs d’Avignon ultra-son, nous retrouvons les principales voix des débuts de Nuits magnétiques, Franck Venaille, Olivier Kaeppelin, Jean-Pierre Milovanoff et moi-même [16]. Quelle est l’originalité d’Avignon ultra-son ? Certainement de reprendre l’un des mots d’ordre de Louis Althusser : Il n’y a pas de sujet. Il n’y a pas de sujet donné. Il n’y a pas de sujet formaté. Le sujet est ici et maintenant, ce que je crois profondément. Alain Veinstein nous offre comme scène le Festival sans sujet : il y a le cadre du Festival, les auteurs, les pièces, les comédiens, les spectateurs, la ville et ses différents lieux prestigieux et pas de sujet prédéterminé, de sorte qu’au début, nous faisons nos reportages avec rien, nous apprenons chacun à travailler à notre façon, sans autre appui que les réalisateurs qui nous accompagnent, dont l’attention et les critiques sont extrêmement bienvenues. C’est là vraiment que l’alchimie de l’esprit d’équipe oblige chacun à s’identifier. Je me souviens d’un moment de crise au cours d’une réunion en fin d’après-midi. Alain Veinstein constate un abattement général. Il nous dit : « N’oubliez pas que je suis votre mère à tous et à toutes. » Formule magique, elle fait office de pacte. Il faut insister, travailler avec rien permet a la narration de commencer, puisque la narration, à la radio, est ce qui fait parler la parole. Et la parole se communique en ouvrant la bouche. Cette évidence aux yeux d’un être mutique n’est pas toujours aussi simple.
Le troisième vivier, il faut bien l’admettre même s’il y a beaucoup de déni de notre part, s’appelle l’Atelier de création radiophonique d’Alain Trutat, qui existe depuis 1969. Si un jour quelqu’un a l’idée de publier la première année de programmation de l’ACR, il constatera combien elle est incroyable ! Les USA avec New-York, Los Angeles, San Francisco et Londres, Rome, Düsseldorf, Bruxelles, Amsterdam… L’ACR nous entraîne partout. Imaginez : Alain Trutat réussit à transformer un artiste solitaire que j’aime, Marcel Broodthaers, en reporter ‒ je pense à une performance de James Lee Byars commentée par Marcel Broodthaers, d’une précision et d’une intensité inouïes [17]… Sans doute sommes-nous contrariés par l’ACR aux Nuits magnétiques, et le dépit nous a poussés à choisir un ailleurs, afin de nous démarquer ostensiblement, d’explorer des voies vraiment différentes, c’est-à-dire l’inconnu (sans sujet). L’ACR est ce qu’il ne faut pas faire.
Qu’ai-je fait aux Nuits magnétiques ? Alain Veinstein est vraiment un frère humain. Nous sommes proches et partageons les idées comme des affinités toutes beckettiennes, et dès la première année il me confie un magazine de l’image, Peinture fraîche (le titre venait de lui), tandis qu’il prend la direction d’un magazine littéraire, Bruits de pages. C’est un magazine d’une heure et demie, diffusé une fois par mois le jeudi, qui a duré deux ans [18]. Vu le succès des Nuits magnétiques, Alain Veinstein a par la suite l’idée, à l’automne 1980, de regrouper tous les magazines en une seule série hebdomadaire du lundi au vendredi, Risques de turbulence, où tous les thèmes sont abordés, du sport aux arts, de la poésie à la photographie, de la cuisine à la philosophie [19]. Grand moment d’effervescence et d’échange, car chacun est en direct à 22h30 dans le studio. Très forte proximité de pensée. Après Peinture fraîche et Risques de turbulence, j’ai participé à plusieurs autres magazines parlés comme Sans image, Futur antérieur, Bonsoir la compagnie, et quelques autres, jusque vers 1983.
J’aime informer, construire, réaliser Peinture fraîche et transmettre la vitesse de reportage, puis Risques de turbulence, l’émission « verticale » d’une heure et demie. En même temps je mène toute une série d’activités dans le domaine du documentaire, du récit et dans l’expérimentation du reportage. Nuits magnétiques, selon moi correspond au réel et je bascule plus tard dans Le Pays d’ici, parce qu’il est en un sens le contraire des Nuits magnétiques, et que je veux vivre la mesure de la réalité [20]. Le réel, est essentiellement celui du langage et c’est là qu’un écrivain a un rôle à jouer. Pour la série sur Belleville en 1978 par exemple, un de mes premiers reportages [21], ou celle sur la Goutte d’Or en 1979 [22], l’oeuvre de Nathalie Sarraute m’a beaucoup servi. Faire parler les inconnus [23] à partir d’un mot, arrive à la même sensation de remontée de la parole, presque chorale, que celle obtenue par Sarraute écrivant sur les tropismes suscités par des mots ou les suscitant [24]. Cela ne va pas de soi de penser à Sarraute dans les années 1970 : mal vue, mal perçue, mal lue aussi ‒ ou lue à côté de Duras qui a une aura considérable. Aujourd’hui les choses sont plus claires. Je suis alors désireux de produire une parole concertante [25] ‒ hors de toute lutte de classes. Personnellement la lutte des classes n’existe pas au niveau de la parole. Dans la série sur Belleville, le mot qui a permis d’avoir ce concert, le mot « Christ ». Il s’adresse à toutes les confessions, et provoque un succès considérable, y compris auprès des enfants, qui ont vu à l’école Ben-Hur par exemple. Je vis tout un mois à Belleville, en repérage, avant les premiers reportages. Je passe mes journées et mes nuits à enregistrer les riens, les sons, comme le bruit des semelles qui traînent la nuit (beaucoup d’hommes, à Belleville, marchent en pantoufles). J’ai beaucoup travaillé dans l’infra, en interrogeant les glissements, comme dans le monde de Nathalie Sarraute.
Autre remarque. Enfant, j’apprends le piano. J’apprends à en jouer en écoutant Walter Gieseking : il m’apprend comment ne pas frapper la note impérativement, mais négativement en jouant l’attente et même son hésitation. L’attente de la note à jouer. L’attente de la note est la note elle-même. Walter Gieseking joue Robert Schumann à la manière d’une conversation concertante et déconcertée. Car les silences annoncent la note à frapper. Entendez la note. Attendez la note. Entendez l’attente. C’est aussi l’art de Marguerite Duras qui mène en même temps l’entretien et le non entretien. Le silence, le blanc, l’attente ne cessent de ponctuer, pointer le sens. Dire un mot est d’abord en énoncer son absence.
Il y a à ce propos un autre aspect de la parole qui m’intéresse, ce que je veux appeler le latéral. Dès la série sur la Goutte d’Or, j’aime provoquer des entretiens dans des voitures à l’arrêt ou lancées à grande vitesse pour mesurer l’allure de la parole plus libre, plus rêveuse sans grammaire ou sans contrainte mais aussi plus confidente. Sensation de mouvement analysé dans une voiture, même immobile, ou rêve de mouvement en quelque sorte, qui facilite la parole, les aveux. La voiture permet aussi de biaiser, de se parler latéralement, oreille contre oreille si je puis dire, de pratiquer l’art de la parole perdue mais malgré tout légèrement dirigée. Et latéralement, par rapport à la parole, est mieux que frontalement. Les femmes le savent très bien : un micro placé frontalement les met mal à l’aise, elles vous font comprendre que le micro doit s’éloigner du corps, qu’il y a une zone à ne pas franchir. Je le comprends très bien. J’aime faire ce travail d’arpenteur du sens secret ou caché, que j’aide à advenir au-dehors, à se formuler par l’écoute bienveillante et l’attention.
Parler, c’est d’abord ouvrir la bouche. Rien n’est un droit. J’insiste. Car Bruno Sourcis ou Pamela Doussaud réalisateurs – assermentés – de Nuits magnétiques avec lesquels je travaille souvent, m’apprennent tous les deux à être un corps devant le micro, et à en approcher des lèvres : comment pincer les mots, comment ouvrir les mots, comment articuler, comment énoncer, comment écarter les lèvres. Comment être devant le micro. Je travaille beaucoup avec Pamela Doussaud, et je veux lui rendre hommage ici de son travail exceptionnel. Elle est l’exception avec quelques autres dont François Bréhinier dans la maîtrise du temps, comme je le vérifie à chaque fois que j’arrive avec mes bobineaux de reportages, qu’elle doit monter a la dernière minute. J’ai vu Pamela Doussaud, lors de la diffusion d’émissions d’une heure et demie, confier la moitié de l’émission pendant qu’elle finit l’autre moitié ! Je suis témoin et j’apprends ce qu’est l’accélération, la répétition toujours juste des gestes, répétés à un niveau d’énergie lui aussi toujours efficace.
Écrire, travailler pour soi, essayer de se rencontrer et de connaître « qui je suis ». Beaucoup de retard à la naissance, et je me suis servi tout d’abord de l’Encyclopédie puis de la radio pour avancer à mon rythme. La réalité est la suivante : entrer dans les Nuits magnétiques, et être en phase avec l’époque, rendre accessibles les sons d’une rue plutôt que les mots d’une rue ou d’un trottoir, ou d’une ville. Quelles conversations ! Celles de l’époque, celles d’un pont à traverser, celles d’un terrain vague ou des friches que fréquentent délinquants, amoureux en mal d’identité, laissés pour compte, clochards, blessés à vie. Conversations faites de tous ces riens qui se disent dans la foule, dans la ville, dans un café. Je me suis enfermé dix-huit ans dans la lecture et j’ai voulu en sortir par le monde, celui du son, de la conversation, de la vie qui ne cesse d’improviser. Cela m’a déporté du livre. La passion a gagné l’écriture en écho de la parole.
Notes
Notes ajoutées par les éditeurs.
1 Dictionnaire des œuvres de tous les temps et de tous les pays, Laffont- Bompiani. De 1958 à 1975, Jean Daive est employé par la S.E.D.E. (Société d’éditions de dictionnaires et d’encyclopédies), domiciliée 5 rue Sébastien-Bottin, siège des éditions Gallimard, comme rédacteur puis rédacteur en chef, à la rédaction de ce Dictionnaire.
2 Sur cette émission diffusée du 7 avril 1975 au 1er avril 1979, v. Abigail Lang, « “Bien ou mal lire, telle n’est pas la question” : Poésie ininterrompue, archives sonores de la poésie », dans Poésie sur les ondes. La voix des poètes-producteurs à la radio, Pierre-Marie Héron, Marie Joqueviel-Bourjea, Céline Pardo (dir.), Rennes, PUR, « Interférences », 2018, p. 51-62.
3 Semaine du lundi 2 au dimanche 8 juin 1975. Lectures de poèmes pris dans Décimale blanche (1967), Fût bâti (1973), Le Jeu des séries scéniques (1976). Entretien du dimanche avec Claude Royet-Journoud et Anne-Marie Albiach. La semaine précédente, du 26 mai au 1er juin 1975, était consacrée à Bernard Noël ; la semaine suivante à Jean Laude.
4 Dans le cadre de la réforme des programmes de France Culture mise en œuvre à partir du lundi 7 avril 1975, consécutive à la dissolution de l’ORTF (1974). De la naissance de la chaîne à la réforme de 1984, on dénombre plus de 200 séries de « grands entretiens », ou entretiens-feuilletons, genre né sous l’impulsion de Jean Amrouche à la fin des années 1940. S’il a donné lieu dans les années cinquante à des séries allant jusqu’à 40 épisodes, le format le plus courant est, jusqu’en décembre 1972, de six émissions de 15 à 20 minutes, hebdomadaires ou pluri-hebdomadaires jusqu’en 1969, quotidiennes ensuite (lundi-samedi). À partir de janvier 1973, on passe à 5 émissions quotidiennes de 15 mn en journée (lundi-vendredi). La réforme d’avril 1975 maintient les 5 émissions quotidiennes du lundi au vendredi, mais les allonge à 25-30 mn et les fait passer en soirée.
5 Notons que la réforme du style des grands entretiens en 1975 et après n’est pas toujours allée dans le sens de plus de direct, mais souvent de plus de montage, jusqu’au démembrement de la conversation d’origine, comme on le voit dans les séries Georges Perros/Jean Daive (1975) et Jean Tortel / Joseph Guglielmi assisté de Liliane Giraudon (1976) étudiées par Céline Pardo et Catherine Soulier dans « L’entretien d’écrivain à la radio (France, 1960-1985) », Pierre-Marie Héron, David Martens (dir.), Komodo 21, 8 | 2018.
6 Entretiens diffusés du lundi 16 au vendredi 20 février 1976 dans la collection Entretiens avec, France-Culture, 22h35-23h. 5 émissions quotidiennes de 25 mn, avec la participation de Jean-Marie Gibbal et de Michèle Cohen pour les lectures.
7 Entretiens du lundi 3 au vendredi 7 mai 1976 dans la collection Entretiens avec, France-Culture, 22h35-23h. 5 émissions quotidiennes de 25 mn, avec la participation de Michael Lonsdale (lectures). La série vient après deux autres émissions d’entretiens de Jean Daive avec le poète : la première le 4 juillet 1975 pour Poésie ininterrompue, après une semaine consacrée au poète du 23 au 29 juin ; la seconde le 21 avril 1976, pour la collection Biographie (environ 1h30).
8 Paris, Éditions de Minuit, 1974.
9 Première série diffusée dans la collection Entretiens avec, France-Culture, 22h35-23h, du 8 au 12 mai 1978, deuxième série dans Nuits magnétiques du 10 au 14 juillet 1978.
10 « Lecture de Roger Giroux », France Culture, mercredi 3 mars 1976. Jean Daive est aussi le producteur de la semaine de Poésie ininterrompue consacrée au poète du 26 février au 4 mars 1979 (entretien du dimanche avec Jean Laude et Jacques Roubaud).
11 Semaine du 20 au 26 juin 1977.
12 Semaine du 1er au 7 mai 1978.
13 Semaine du 6 au 12 octobre 1975.
14 Revue publiée de 1951 à 1986, avec des interruptions. Sur le poète, v. Gregory Dunne, « On Cid Corman », Kyoto Journal, novembre 2011 (en ligne ici).
15 Émission hebdomadaire intitulée This Is Poetry, diffusée par WMEX, une station de Boston, et proposant le samedi soir à 19h30 15 minutes de lecture de poésie contemporaine. Cid Corman évoque cette émission dans un article accessible en ligne ici, publié dans Poetry magazine en october 1952.
16 Jean Daive propose des émissions sur Claudel en 1977, Brecht, Beckett et Molière en 1978.
17 ACR du dimanche 27 mai 1979, intitulé : « L’Angélus de Degas, Marcel Broodthaers : hétéroclite II », 25:40 à 30:40 (« […] Je suis chargé de vous présenter une exposition de James Lee Byars. La première exposition sonore sur les ondes de l’ORTF. Dans quelques instants, Monique François prêtera sa voix à James Lee Byars. Cette exposition durera un très court instant. […] »). L’émission reprend un bout de l’ACR du 28 juin 1970, « Sont-ce sons sensés ? Sont-ce sons sans Sens ? », première occasion pour Broodthaers de proposer un reportage, autour d’une exposition présentée alors à Bruxelles, Galerie MTL, du 13 mars au 10 avril 1970. Ce « reportage » consistait en lectures de notices du catalogue et surtout en l’interview, dans la galerie, d’une femme restant anonyme, questionnée sur des pièces exposées et des textes du catalogue.
18 Du 4 octobre 1979 au 31 juillet 1980.
19 Avec une exception : Devine qui vient dîner ce soir, un magazine de poésie remplaçant Bruits de pages, diffusé le mardi une fois par mois à partir du 21 octobre 1980 et présenté ainsi : « Alain Veinstein et Claude Royet-Journoud s’invitent chez un poète et s’entretiennent avec lui. Celui-ci lit ses textes et parle avec des lecteurs familiers de son œuvre. »
20 Émission produite de 1984 à 1997, à l’initiative de Jean-Marie Borzeix dès son arrivée à la direction de la chaîne et sous la direction de Laurence Bloch, visant à faire découvrir un « pays » de France par semaine, à raison de quatre émissions hebdomadaires de 50 mn diffusées en fin d’après-midi. Jean Daive a fait partie de l’équipe tournante des producteurs.
21 Série « Le Christ à Belleville », 5 émissions, France Culture, du 20 au 24 mars 1978.
22 « La Goutte d’Or », 4 émissions, France Culture, 22, 23, 24 et 26 février 1979.
23 Nathalie Sarraute a publié en 1948 Portrait d’un inconnu.
24 Tropismes, titre du premier livre publié par Nathalie Sarraute, en 1939. Le mot est adopté par elle pour désigner des « mouvements indéfinissables qui glissent très rapidement aux limites de la conscience ; ils sont à l’origine de nos gestes, de nos paroles, des sentiments que nous manifestons, que nous croyons éprouver et qu’il est possible de définir. Ils me paraissaient et me paraissent encore constituer la source secrète de notre existence » (préface à L’Ère du soupçon, 1956). Les capter, les décrire, les montrer en action, est au cœur de sa démarche littéraire.
25 Comme fait très bien Sarraute dans son roman Les Fruits d’or (1963), Prix international de littérature en 1964.
Auteur
Proche d’Alain Veinstein, cet autre grand silencieux de la radio, qu’il rejoint dans ses expériences de programmes spéciaux précédant Nuits magnétiques en 1976, 1977 et 1978 (La réalité le mystère, Avignon ultra-son, Les derniers jours heureux), Jean Daive est de ces poètes qui n’appartiennent à aucune école, mais se reconnaissent des affinités fraternelles, comme celles formées autour d’un « carré » dont les angles se sont longtemps appelés Claude Royet-Journoud, Anne-Marie Albiach, Alain Veinstein et Jean Daive, autour d’une maison d’édition (Orange Export Ltd, Éric Pesty Éditeur…) ou autour de revues, depuis L’Ephémère (1967-1972) qui accueille ses premiers poèmes et traductions jusqu’aux nombreuses revues qu’il a dirigées : fragment (1970-1972), fig. (1989-1992), fin (1999-2006) et, depuis 2012, K.O.S.H.K.O.N.O.N.G. Hanté par le blanc et la parole, simultanément, autant que par l’infini souci de la forme et de « la signification complexe des choses », Jean Daive est l’auteur de textes, recueils, récits… (Décimale blanche, Jeu des séries scéniques… Le Grand Incendie de l’Homme…), dont certains se sont organisés en « partitions » (Narration d’équilibre, 1982-1990 ; La Condition d’infini, 1995-1997 ; Trilogie du temps, 1999-2001). Anne-Marie Albiach l’exact réel (Éric Pesty Éditeur), premier livre d’entretiens auquel il se risque, en 2006, inscrit dans le travail de l’écrit une très longue aventure de la parole parlée et conversante menée à la radio, tant au sein de Nuits magnétiques qu’à côté, sous des formes variées: grands entretiens, magazines, reportages, documentaires… et des formats tout aussi variés, allant jusqu’à cinq heures (sur Herman Melville, William Faulkner, Arthur Rimbaud, Anton Tchekhov…) voire dix heures d’émission (sur le « rêve américain », Franz Kafka, les avant-gardes du XXe siècle, Gilles Deleuze…). Parmi les derniers titres publiés : La Troisième (2019), Les journées en Arlequin (2020).
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